Jean Paul Gaultier Haute Couture Automne-Hiver 2009 — Fashion Week Paris
Il faut parfois se blottir dans l’épaisseur d’une couette pour retrouver l’espoir d’un monde moins dur qu’il n’y paraît. La Haute Couture a cet effet molleton avec les évolutions pragmatiques du prêt à porter : une halte un peu rare, désormais cachée au travers d’un calendrier qui exagère les accélérations des présentations. Une pause, un temps T, voilà la Haute Couture comme une opportunité de se restaurer autrement avec la notion de Beauté. Chez Gaultier Couture, à l’instar de sa Maison, située en plein cœur de Paris, rue Saint-Martin, on ravale la façade. La qualité d’une architecture se révèle derrière un coup de nettoyage : le trench travaillé comme un justaucorps, la vie tumultueuse d’un smocking aux revers de velours inquiétants, l’androgynie d’un petit matelot etc. Le cinéma de Gaultier, sa version textile sous haute inspiration, bat toujours le rappel des images. Le jeune homme qui rêvait un jour que ses propres icônes puissent croiser en imagination d’autres étoiles plus hollywoodiennes a en quelque sorte exaucé son rêve. Sa Couture hante les couloirs de jeunes étoiles d’antan, les Bardot, les Lana Turner et accroche d’autres prétentions, une sorte de leçon de Couture post-moderne avec des clins d’œil au corset chère à Madonna, etc. Passé ou présent, Gaultier conjugue toujours autant sa mode avec un scénario improbable mais vraiment séduisant.
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Chanel Haute Couture Automne-Hiver 2009
Des bouteilles N°5 en guise de décorum factice sur le podium, l’attention est forte. Chanel Haute Couture propose un retour Maison après avoir voyagé ces derniers mois à Venise, Resort 2010, un autre à Moscou, Pré-Hiver 2010 . Cette internationalisation entamée depuis ses origines n’empêche pas Karl Lagerfeld de constamment recentrer le débat sur la localisation imaginaire du style même de Chanel : du tailleur à toute allure avec des proportions quoitidiennement (ou presque) repensées. Ne jamais en finir avec ce tweed chère à l’esprit Chanel même si celui a subi les évolutions technologique du temps. La modernité vue par Karl Lagerfeld agit souvent comme un repoussoir contre l’idée d’une vision uniquement contemporaine. Chez Chanel, le temps se fige, volontairement et heureusement, imposant un éternel recommencement que personne ne cherche à décrier. Cette saison, hormis la nouveauté de la traîne plus ou moins longue à l’arrière des silhouettes, tailleurs, robes etc, le charme Chanel opère bien sur cette qualité du passé. Voilà, un filtre qui opère de bas en haut : de la résille qui monte le long de la jambe à ces couleurs d’automne, le mordoré, le doré, le bordeaux et ces quelques moments qui font de la maison Chanel, une dame indigne et chic — tout ce qu’on aime !
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Rois et Reines de contrées imaginaires aux noms évocateurs: Reine de Jadélénie, Roi d’Opalie, ces parures vont par couple : le roi en pendentif et la reine en bague. Les couronnes, collerettes, fraises et boucles d’oreille sont entièrement constitués de platine serti de diamants. Au centre, une pierre ornementale. Jade, Opale, Quartz, Obsidienne… toutes sculptées en forme de crâne humain, symbole du temps qui passe et de la nécessité de profiter de la vie. Les bijoux sont éternels, à la différence de ceux qui les portent : “Nous nous passons, mais eux ils restent”, explique Victoire de Castellane. Lors de la présentation qui avait lieu avenue François 1er, les pièces de haute joaillerie étaient mises en scène dans une salle noire qui ne laissait passer aucune lumière. Les couples royaux, suspendus dans des cadres ovales, apparaissaient et disparaissaient à intervalles réguliers comme des spectres. Une vision fantomatique des plus spectaculaires, pour cette collection de pièces uniques, semblant venir d’un autre temps. Ci-dessous : Pendentif Roi d’Osumilie, en platine, or blanc, diamants Bague Reine de Jadélénie, en platine, diamants et jade jadeïte. |
Pendentif Roi de Crocidolior, platine, or blanc, diamants et quartz “Œil de Tigre”. Bague Reine de Crocidoline, en platine, diamants et crocidolite rouge. |
Pendentif Roi de Sugilie, en platine, or blanc, diamants et sugilite. Bague Reine de Labradorie, en platine, diamants et labradorite. |
Pendentif Roi de Crocidolite, en platine, or blanc, diamants et crocidolite bleue. Bague Reine de Calcédonia, en platine, or blanc, diamants et calcédoine bleue. |
Pendentif Roi de Quartznoir, en platine, or blanc, diamants et quartz rutilez noir Bague Reine de Jaspe, en platine, diamants et jaspe “sanguin” |
Pendentif Roi de Charoïte, en platine, or blanc, diamants et charoïte Bague Reine de Sugilite, en platine, diamants et sugilite |
Pendentif Roi d’Opalie, en platine, or blanc, diamants, opale rose et perles de culture Bague Reine de Quartzie, platine, diamants, quartz rose et perles |
Pendentif Roi de Crocidolia, en platine, or blanc, diamants et crocidolite verte Bague Reine de Chrysophrasie, en platine, diamants et chrysophase |
Pendentif Roi de Rutilie, en platine, or blanc, diamants et quartz rutile cuivré Bague Reine de Quartzor, en platine, or blanc, diamants et quartz rutile blanc |
Pendentif Roi d’Obsidienne, en platine, or blanc, diamants et obsidienne « rainbow » Bague Reine de Grenatie, en platine, or blanc, diamants et grenat |
Donna Karan Collection — Automne 2009 PRET A PORTER — Accessoires
Donna Karan intitule sa collection « Le pouvoir de New York ».
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Diesel à 30 ans
Diesel souffle cette année ses 30 bougies. Depuis 1978, le label de Renzo Rosso est devenu la référence denim. Le fondateur italien, la cinquantaine, un brin mégalo, voulait célébrer cet événement dignement. Le 11 octobre, il conviait amis et fans à une fête internationale, de 24 heures, en simultané dans 17 villes. De Tokyo à Milan, de Paris à Oslo, le business man du jean s’est accordé les services des meilleurs DJs pour fêter 30 ans de succès. Et pour annoncer tout cela, une vidéo promo détournant des films pornos qui a fait le tour d’internet. Renzo Rosso est aussi le propriétaire du groupe Only the Brave qui détient aujourd’hui Maison Martin Margiela, Dsquared2 et Viktor & Rolf.Rencontre avec l’homme qui vaut 1,3 milliard d’euro. |
Quelles sont vos impressions concernant ce 30ème anniversaire ?Je suis très fier de ce que j’ai réalisé ces 30 dernières années. Quand j’ai monté ma boîte en 1978, je voulais créer un label avec une forte identité, qui inspire des émotions et connecte les gens entre eux. Après tant d’années à travailler à son développement, Diesel est parvenue à devenir une marque lifestyle ouverte à 360°, créant un véritable dialogue avec ses adeptes du monde entier. C’était pour moi le plus important, la consécration et c’est pourquoi je suis très fier aujourd’hui. |
Comment ont évolué la mode et le jeans depuis 1978 ?Il y a trente ans, nous étions les premiers à introduire le concept du jean premium sur le marché. Nous avons été à l’origine d’une petite révolution en amenant avec nous, une nouvelle façon de porter le jean, qui a ensuite été imitée par d’autres marques. |
Comment expliquez-vous que vos jeans soient devenus cultes?Nous avons atteint le statut d’experts dans le marché du denim à partir du moment où nous avons eu des fans de notre traitement vintage. N’oublions pas que nous créons chaque année 7 millions de jeans 5 poches, avec cette capacité de décliner 880 références pour que tout le monde trouve son style. |
Quels sont pour vous les événements marquants de la mode ces 30 ans dernières années ?L’évolution de ma boîte, je pense, reflète celles de la société et de l’économie globale. Par exemple, la Diesel TV en 1990 est le symbole du changement dans la manière de communiquer des marques. Notre premier flagship store à New York en 1996, sur Lexington Street est le symbole de l’expansion des marques à l’international. En 2000, avec l’acquisition de Staff International, nous avons pris un vrai tournant en lançant un prêt-à-porter premium, haut de gamme. En 2004, la création d’une unité dédiée aux sacs et chaussures (photo) révèle l’importance de l’accessoire dans le business. Enfin en 2008, le lancement du label, Diesel Black Gold reflète les nouveaux besoins du marché et les nouvelles exigences — très pointues — des clients. |
Pouvez-vous nommer vos icônes mode de ces 30 dernières années ?Je n’ai pas vraiment d’icônes spécifiques. Je m’inspire simplement des jeunes cool que je croise dans la rue, lors de mes différents voyages. |
Vous avez organisé une soirée de 24 heures en simultané dans 17 villes. La folie des grandeurs ?Ce 30ème anniversaire était l’occasion de prendre du plaisir et de faire la fête avec tous les adeptes de Diesel dans le monde. Le 11 octobre, j’étais à New York pour le final de cette grande fête avec tous les fans de Diesel, mes amis connus ou pas et tous ceux qui avec une passion constante ont fait de Diesel ce que c’est aujourd’hui. |
Sophia Kokosalaki, Maison Martin Margiela, Dsquared2… Etes-vous vraiment intéressé par ces jeunes labels ? Business ou amour de l’art ?Avant tout, je suis complètement fan de tous ces créateurs, plus fan que propriétaire. La liberté de créer fait partie de mon ADN. Je me rends disponible pour tous mes créateurs, autant dans le savoir-faire que pour les problèmes de production et distribution. Je veux qu’ils puissent se focaliser sur la création. J’ai toujours admiré la créativité à l’état pur, libre, innovante et spontanée. C’est pour cela que je veux développer dans l’avenir ma ligne premium — je préfère ce terme que luxe. |
Justement, comment envisagez-vous le futur ? Comptez-vous développer toujours plus votre groupe, Only the Brave ?Je veux garder la même ligne de conduite. Innover et surprendre mes fans avec des nouveaux produits et projets. Comme Diesel a révolutionné la façon de porter le jeans — de jour comme de soir -, nous aimerions apporter quelque chose de nouveau avec le groupe Only the Brave. Innover, donner une nouvelle idée du luxe pour révolutionner le monde du prêt-à-porter. En faisant cela, j’aimerais construire un groupe référence pour la mode du futur. |
Propos recueilli par : Par Julie de los Rios |