Automne-Hiver 2008–2009 — Felipe Oliveira Baptista
Automne-Hiver 2008–2009 — Elie Saab
Automne-Hiver 2008–2009 — Dior
Podium gris Dior. Parc de château qu’on aperçoit entre deux colonnades de marbre… Le décor est planté, celui d’une élégante en sa demeure. Le premier passage pose le principe, aussi graphique qu’une photo d’Irving Penn dans les années 1950, lorsque Lisa Fonsagrives, sa femme, célèbre mannequin de l’époque, posait pour lui. Quintessence de l’allure des années New Look lancée par Christian Dior avec sa collection de 1947. John Galliano retravaille la basque de la veste du célèbre tailleur Bar dévoilé cette année-là et en fait un corset coqué sur les hanches, le renvoyant du coup aux créatures de Mugler, carénées comme des guêpes.
Taille étranglée, hanches rondes, carrure naturelle posent la jurisprudence de la silhouette. Ensuite, Galliano drape un nœud géant qui coule de l’encolure, sinue à la taille. De la pure magie. Lorsque apparaît le fourreau de tulle noir à quille incrustée de chantilly sur une guêpière, la matrice de la collection apparaît clairement. Plus doux, les céladon, lilas, ciel, rose poudre, caramel ou beige nu teintent, comme une gouache, les jupes transparentes de mousseline ou d’organza brodées de lanières de cuir, de perles nacrées. Sous les vestes corsetées, à travers les mousselines, les jambes apparaissent nues jusqu’aux fesses, un contraste qui provoque des indiscrétions sexy.
L’imprimé léopard de Misia Sert, muse et amie de Christian Dior, se réfère aux années fondatrices de la maison de l’avenue Montaigne. John Galliano avec sa haute couture automne-hiver 2008–2009 vouée au glamour de cette époque-là célèbre ainsi les fondamentaux de la griffe. Au final, il apparaît sérieux, théâtral, concentré. So Dior.
Automne-Hiver 2008–2009 — Christian Lacroix
Automne-Hiver 2008–2009 — Chanel
« Un jour, j’ai assisté à un concert de piano d’Hélène Arnault et de Brigitte Engerer… Tout est parti de là. C’est le buffet d’orgue de la Salle Gaveau qui m’a inspiré », expliquait Karl Lagerfeld avant le défilé Chanel. De fait, sous la verrière du Grand Palais, des tubes d’acier captent le soleil de juillet. Un chaud et froid qui provient également de la palette de la collection qui décline les tons de gris, oxyde, mercure, acier, inox… À la taille, ou entravant les genoux au niveau de l’ourlet, les tuyautés contraignent le volume ou créent des ampleurs froncées. Ainsi, les jupes corolle alternent avec des modèles ballon coupés dans le taffetas de soie, la faille et le satin duchesse, étoffes rêvées pour théâtraliser les volumes.
Parfois, une manche lampion en superposition de tulle, des épaules à la carrure tourbillonnante dans un enroulement de satin de soie ou un volume en bec entre les omoplates rendent cette haute couture presque expérimentale. Les fabuleuses petites mains de Chanel transforment cette collection en laboratoire de virtuosité. Tous les tuyautés, en crin ou en tulle, sont bien sûr réalisés à la main, comme les colombages de mousseline noire sur tweed.
Les perruques années 1920 et l’œil à la paupière gris fer semblent sortir des films de Murnau. Malgré l’excellence de l’exercice, la collection ne s’inscrit pas parmi les plus « chanelisantes » que la griffe ait produites, mais prouve que Karl Lagerfeld sait sortir des sentiers battus avec brio et une inventivité toujours renouvelée. Même les camélias qui emplissent une capuche au dos d’une robe longue sont passés au gris souris. Un Chanel hors norme, parfois aussi imposant que les grandes orgues dont il s’inspire. Ite missa est.