Au lieu des grand-messes mondaines de Valentino, qui a fait ses adieux en janvier dernier, Facchinetti choisit de présenter dans le cadre plus « intime » des salons couture de la marque, place Vendôme. La proximité avec les modèles fait du bien. « J’ai bien sûr beaucoup pensé à M. Valentino mais, lorsque j’ai commencé à travailler sur la collection, tout est allé naturellement vers une femme un peu lunaire, avec quelque chose des peintures de Van Dyck. »
Les maquillages de Pat McGrath nacrent les bras et les jambes de ces créatures de porcelaine. À leur cou, des fraises de dentelle en métal scintillent délicatement. Le premier modèle, un tailleur blanc en crêpe de soie à jupe ovoïde et ourlet incurvé, exprime une poésie décalée, futuriste, qui renvoie aux recherches de Cardin et Balenciaga dans les années 1960. Autant dire qu’il n’est pas très Valentino mais signe l’esprit Facchinetti.
Le manteau de khadis blanc à tournure annonce son penchant pour les effets sur les reins (nœud obi, froufrous ondulés, pouf rebrodé…), un leitmotiv parfois compliqué. La jupe tonneau en khadis chair rebrodée de paillettes d’or gris et de pompons de tulle de soie ou la robe lampion en feuilleté de tulle de soie confirment son goût des volumes. Facile à porter ? Pas sûr mais assez magique. Le tailleur en « fourrure » d’organza dégradée écru et moka renforce ce charme étrange. Les ramages de paperoles d’organza, les perles de laine et de verre, des broderies en 3D confèrent un relief aux jupes longues.
Au final, la robe du soir rouge à taille Empire rappelle qu’on est ici chez Valentino mais, le temps de 35 passages, on a plongé dans un monde de rêve, singulier, délicat et enchanteur. Les clientes sauront-elles s’adapter ? Il leur manquera peut-être le caractère efficace et glam de Valentino . En attendant, Facchinetti salue sous les bravos nourris. Au premier rang, Giorgio Armani himself se lève pour l’embrasser.